Les réformes de l'apprentissage : quels impacts sur le quotidien des apprentis, des entreprises et des CFA
Les réformes du financement de l’apprentissage entre 2018 et 2025, notamment la loi "Avenir professionnel" de 2018, ont eu des impacts concrets et multidimensionnels et ont profondément transformé le quotidien des apprentis, des entreprises et des centres de formation d’apprentis (CFA).

Pour les apprentis
Plus de droits, d’opportunités mais parfois des parcours inégaux
Facilité l'accès à l'apprentissage
- Extension de l'âge limite : L'âge maximal pour entrer en apprentissage a été repoussé à 29 ans révolus, contre 26 ans auparavant . Et sans limite pour les personnes reconnues RQTH
- Augmentation des places disponibles : Grâce aux incitations financières pour les entreprises et à la simplification des démarches, le nombre de contrats d’apprentissage a fortement augmenté, offrant plus d’opportunités aux jeunes, y compris dans des secteurs traditionnellement moins ouverts à l’alternance (ex : numérique, services).
- Diversité des profils : Les réformes ont encouragé l’accueil d’apprentis de tous niveaux (du CAP au master), et ont permis une meilleure insertion des publics éloignés de l’emploi (jeunes sans qualification, personnes en reconversion).
- Mobilité internationale : Le programme Erasmus+ a été élargi, permettant aux apprentis de partir en formation à l'étranger
Une rémunération revalorisée
Les grilles de rémunération ont été revues à la hausse pour certains niveaux de diplôme, rendant l’apprentissage plus attractif financièrement.
Mais attention depuis le 1er mars 2025, il existe de nouvelles exonérations !
Des aides individuelles
Des dispositifs comme l’aide au permis de conduire ou les aides à la mobilité ont été renforcés pour lever les freins logistiques.
Des défis persistants
- Qualité variable des formations : La croissance rapide du nombre d’apprentis a parfois conduit à une hétérogénéité dans la qualité des parcours, avec des CFA inégaux en termes d’accompagnement et de moyens pédagogiques.
- Précarité pour certains : Les apprentis dans les petites entreprises ou les secteurs peu structurés peuvent encore rencontrer des difficultés (manque de tuteur, missions peu formatrices).
Pour les entreprises

un rôle central, un levier de recrutement et de compétitivité mais des obligations accrues
Une simplification administrative et une incitation financière ... mais revue !
- Allègement des démarches : La suppression de la taxe d’apprentissage et la création de la CUFPA (contribution unifiée pour la formation professionnelle) ont simplifié la gestion des contributions pour les entreprises.
- Simplification administrative : La création de CFA est devenue plus accessible, permettant aux entreprises de créer leurs propres structures de formation.
- Flexibilité du contrat : Les contrats d'apprentissage sont désormais plus proches des contrats de travail classiques, offrant une plus grande flexibilité aux employeurs.
- Réponse aux besoins sectoriels : Des secteurs en tension, comme la coiffure, ont pu développer des formations adaptées grâce à la réforme
La responsabilisation des entreprises
- Obligation de contribution : Les entreprises de plus de 250 salariés doivent désormais respecter un quota d’alternants (5% de leur effectif), sous peine de pénalités financières. Cela a poussé les grandes entreprises à développer des partenariats avec les CFA.
- Montée en compétences des tuteurs : Les entreprises sont incitées à former leurs tuteurs pour garantir un accompagnement de qualité, ce qui représente un coût mais aussi un investissement sur le long terme.
Des défis et des limites
- Charge administrative résiduelle : Malgré les simplifications, certaines entreprises (notamment les TPE) trouvent encore le système complexe, notamment pour gérer les relations avec les OPCO.
- Adéquation avec les besoins métiers : Certaines branches peinent à trouver des profils adaptés à leurs besoins, malgré l’augmentation globale du nombre d’apprentis.
Pour les CFA

La réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage a profondément transformé le paysage des CFA (Centres de Formation d’Apprentis) et des organismes de formation.
Elle a libéralisé et modernisé le secteur, en mettant l’accent sur la qualité, la flexibilité et la responsabilité des acteurs, tout en renforçant le lien entre formation et besoins des entreprises. Les CFA et organismes de formation doivent désormais se conformer à de nouvelles règles, se certifier, et s’adapter à un marché plus concurrentiel et plus exigeant.
Statut et réglementation des CFA
- Les CFA sont désormais assimilés à des organismes de formation classiques. Ils doivent se conformer à la même réglementation et aux mêmes contrôles que les autres organismes de formation.
Financement et gestion
- Le financement des CFA est désormais basé sur le contrat : un contrat signé = un financement, calculé sur un coût moyen de formation défini par France Compétences.
- La taxe d’apprentissage et les subventions régionales ne sont plus les principales sources de financement ; le financement est désormais directement lié au nombre de contrats d’apprentissage signés.
- Les CFA doivent tenir une comptabilité analytique distincte pour l’apprentissage et la formation continue, afin de faciliter le suivi par les OPCO et les régions.
Ouverture et concurrence
- La création de nouveaux CFA est simplifiée : il n’est plus nécessaire d’obtenir l’accord des régions pour ouvrir un CFA. Cela a ouvert la voie à une concurrence accrue, avec l’arrivée de nouveaux acteurs (entreprises, écoles, branches professionnelles).
Obligations et qualité
- Les CFA et organismes de formation doivent obtenir une certification qualité (Qualiopi) pour accéder aux fonds publics ou mutualisés.
- Ils doivent mettre en place un conseil de perfectionnement, obligatoire pour les CFA, qui examine les questions pédagogiques, l’organisation des formations, les relations avec les entreprises.
Adaptation pédagogique et accompagnement
- Les formateurs doivent individualiser davantage les parcours pour répondre aux besoins des entreprises et des apprenants.
- L’accompagnement des apprentis est renforcé, avec une période de préparation possible avant la signature du contrat et un suivi plus personnalisé.
Gouvernance et rôle des OPCO
- Les OPCA (Organismes Paritaires Collecteurs Agréés) ont été remplacés par les OPCO (Opérateurs de Compétences), moins nombreux et recentrés sur l’accompagnement des branches et la promotion de l’alternance.
- La collecte des fonds de formation a été transférée à l’Urssaf, sauf pour la part de la taxe d’apprentissage versée directement aux organismes de formation.